INTERNET ET LIBERTES
Je vous laisse juge des deux articles qui suivent, car nous ne sommes pas des pigeons...
Copie privée : le Conseil d'État annule la taxe sur les
supports vierges
Christophe Guillemin, publié le 11 juillet 2008
Réglementation - Le
Conseil d'État s'est rangé du côté des industriels. Il juge illégale la taxe
pour copie privée, appliquée aux CD, DVD ou baladeurs, car son mode de calcul
établi par la commission d'Albis compense les conséquences du piratage.
Les fabricants de matériels audiovisuels électroniques,
représentés par le Simavelec (*), ont obtenu gain de cause : le
Conseil d'État vient d'annuler la redevance pour copie privée appliquée
aux CD, DVD, baladeurs et disques durs intégrés aux appareils de salon.
Les industriels avaient saisi la haute juridiction
administratrice pour dénoncer une décision de la commission d'Albis datant
du 20 juillet 2006 et portant sur l'application de la taxe aux supports
précités.
Pour déterminer le montant de cette redevance, la
commission a pris en compte la capacité d'enregistrement des
supports bien entendu, mais aussi leur usage. Mais elle a considéré aussi
bien les copies privées licites que celles illicites, « sans rechercher,
pour chaque support, la part respective des types de copie privée des usages
licites et illicites ».
La quasi-totalité des décisions de la commission
attaquée
Or, selon l'article L. 311-1 du code de la propriété
intellectuelle, « la redevance pour copie privée ne peut légalement compenser
que la perte de revenus liée à l'usage licite de la copie privée »,
peut-on lire dans la décision du Conseil d'État.
En clair, une taxe ne peut servir à compenser les
conséquences du piratage. « Lorsque l'on copie sur un CD des contenus
téléchargés de manière illicite, il ne s'agit pas de copie privée, mais de
recel de contrefaçon », nous expliquait en 2007 le Simavelec, qui a d'ailleurs
attaqué quasiment toutes les décisions de la commission portant sur
les autres supports.
Cette annulation entrera en vigueur dans six mois. Elle intervient alors qu'Éric Besson, secrétaire d'État à l'Économie numérique, a dévoilé cinq propositions pour réformer la commission d'Albis, objet de nombreuses critiques.
(*) Syndicat de l'industrie de matériels audiovisuels électroniques
Bientôt une liste de logiciels autorisés sur Internet ?
Christophe Guillemin, publié le 7 juillet 2008
Réglementation - Le
projet de révision de la réglementation européenne sur les télécoms pourrait
permettre aux régulateurs nationaux de définir quels logiciels sont autorisés
sur le Net. Leur liste serait inscrite dans les contrats des FAI.
Afin de lutter contre le piratage d'oeuvres protégées par
le droit d'auteur, une future réglementation européenne pourrait intégrer
dans les contrats des fournisseurs d'accès une liste de logiciels que les
internautes seraient autorisés à utiliser.
C'est le sens de trois récents amendements
au « Paquet télécom », projet de cinq directives européennes qui
doivent modifier, d'ici à la fin 2008, la réglementation sur les
télécommunications en Europe.
Concrètement, ces amendements doivent permettre à des
autorités administratives de chaque État-membre de définir quelles applications
logicielles sont autorisées pour internet. C'est la lecture qu'en
fait la Fondation pour une infrastructure informationelle libre (FFII),
une association dédiée à la « promotion d'un marché libre de
l'informatique », qui regroupe 3 500 sociétés en Europe.
« Les propositions inscrites en filigrane dans ces
amendements mèneraient à un "internet soviétique" où les logiciels et
services en ligne seraient soumis à la permission des régulateurs »,
confie à ZDNet.fr, Benjamin Henrion, correspondant FFII à Bruxelles.
Un texte adopté sous la présidence française ?
« Demain, des logiciels applicatifs comme Skype, voire
Firefox, pourront être déclarés illégaux en Europe, s'ils ne sont pas certifiés
par une autorité administrative. Cela compromettra le developpement d'internet
tel que nous le connaissons aujourd'hui. C'est une invasion du régulateur sur
le marché des logiciels et de la fourniture de l'accès internet. »
L'association demande aux membres du Parlement européen de
« consacrer plus de temps et de reconsidérer en profondeur la proposition
de directive sur les télécommunications telle que présentée au vote ».
Le texte est loin d'être adopté. La première mouture a été
bouclée aujourd'hui par les différents comités chargés de sa réalisation au
sein du Parlement. Il doit encore passer en première lecture devant les
députés européens en septembre, puis être validé par le Conseil des
ministres le même mois. Si ce n'est pas le cas, il repassera en deuxième, puis
éventuellement en troisième lecture.
Selon la FFII, son entrée en vigueur est cependant attendue avant la fin de l'année, sous la présidence de la France, dont le gouvernement est plutôt favorable à un durcissement de la réglementation du Net, comme en témoigne le projet de loi Hadopi, estime l'association.