SAGESSE ?
L'idée du parrainage d'enfants de la Shoah à l'école
abandonnée
Par Gérard Bon Reuters - Mercredi 27 février, 18h53
PARIS (Reuters) - La proposition du président Nicolas
Sarkozy de confier la mémoire d'un enfant juif victime de la Shoah à chaque
élève de CM2 n'a pas été retenue par la mission pédagogique installée mercredi
par le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos.
En revanche, ses seize membres ont accepté de faire des
propositions dans les deux mois pour améliorer la transmission de la mémoire de
la Shoah dans les écoles, a déclaré la présidente, Hélène Waysbord-Loing.
Nicolas Sarkozy s'est réjoui de "l'issue très
positive" de la rencontre organisée par Xavier Darcos, a déclaré son
porte-parole, David Martinon.
"Il constate, qu'après les polémiques soulevées par
sa proposition de permettre à chaque enfant de CM2 de connaître l'histoire
particulière d'une enfant juif de France mort en déportation, la nécessité de
transmettre la mémoire de la Shoah aux jeunes générations fait l'objet d'un
consensus très largement partagé", ajoute-t-il dans un communiqué.
L'idée de faire parrainer une victime par un enfant était
"enterrée avant même qu'on se réunisse", a indiqué le réalisateur
Claude Lanzmann. Il a cependant souligné que cette proposition était
"partie d'une émotion sincère, d'un bon sentiment" de la part du président
de la République.
Hélène Waysbord-Loing a précisé sur LCI que le parrainage
individuel n'était de toute façon pas possible en raison de la disproportion
entre le nombre d'enfants juifs français victimes de la Shoah et le nombre
d'élèves de cette classe d'âge, soit 600.000.
Nicolas Sarkozy avait déclenché une vive polémique, en
déclarant le 13 février : "Chaque année, à partir de la rentrée 2008, tous
les enfants de CM2 se verront confier la mémoire d'un des 11.000 enfants
français victimes de la Shoah".
Simone Veil, une proche du chef de l'Etat, ancienne
ministre et rescapée des camps nazis, avait fustigé cette idée, la qualifiant
d'"inimaginable, d'insoutenable et d'injuste", des critiques
largement partagées dans le monde politique et enseignant.
"NE PAS PERTURBER LES ENFANTS"
Depuis, le ministre de l'Education nationale a amorcé un
recul en douceur, les propositions de la mission installée mercredi ne visant
qu'à améliorer les programmes, qui recommandent déjà de faire de la Shoah un
point fort de l'enseignement d'histoire en fin d'école primaire.
Il a cependant souligné mercredi dans un communiqué que le
travail d'histoire et de mémoire "s'appuiera sur l'histoire et l'exemple
particulier, étudié par classe, de chacun des 11.400 enfants juifs de France
morts en déportation."
Il s'agira "d'inciter à faire des travaux qui
permettent aux enfants de se grouper dans une classe, non pas vers un enfant en
particulier, mais telle situation dans telle ville" pendant la guerre, a
dit de son côté Simone Veil.
"Il n'y a rien de très précis décidé, mais la volonté
de tous d'arriver à améliorer ce qui est déjà très bien fait par les
professeurs", a-t-elle expliqué.
Simone Veil a souligné que l'objectif était de "ne
pas perturber les enfants" tout en faisant en sorte qu'il y ait "un
enseignement très précis."
"On est tous d'accord sur ce qui doit être préparé
d'ici deux mois", a-t-elle insisté, en niant toute divergence sur la
démarche retenue avec Serge Klarsfeld, président de l'association des fils et
filles de déportés juifs de France.
Xavier Darcos a souligné que les membres de la mission
s'étaient efforcés d'harmoniser leurs analyses et d'appréhender l'ensemble des
difficultés pour prévenir tout "refus de ce travail nécessaire" par
les professeurs.
Il a insisté sur le fait qu'il ne s'agissait pas
d'appliquer "un formatage unique" à toutes les classes mais de
proposer "des démarches diverses adaptées aux circonstances" et de
"respecter la liberté pédagogique" des enseignants.
Pour Xavier Darcos, ces travaux permettront de faire en
sorte que "la bonne idée du président de la République soit transformée en
démarche pédagogique."