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21 février 2008

HAUSSE DE L'INFLATION

L'inflation, à 2,8% sur un an, au plus haut depuis 16 ans

PARIS (Reuters) - Les prix à la consommation ont diminué de 0,1% en janvier en France, sous l'effet des soldes d'hiver, mais avec un taux d'inflation qui a atteint 2,8% sur un an, son niveau le plus élevé depuis près de 16 ans, selon les chiffres publiés par l'Insee.

L'indice des prix IPCH, qui permet une comparaison au niveau européen, n'a pas varié en janvier par rapport à décembre et augmente de 3,2% sur un an, soit un niveau équivalent à l'estimation flash annoncée par Eurostat pour l'ensemble de la zone euro. Vingt-six économistes interrogés par Reuters tablaient sur une baisse de 0,2%, correspondant à une inflation sur un an de 3,0%.

La France, dont le niveau d'inflation a longtemps été inférieur à celui de la zone euro, a ainsi effectué un rattrapage entièrement dû à la poussée des prix des produits alimentaires et de l'énergie, qui ont encore augmenté de respectivement +1,4% et +0,8% en janvier sur un mois.

Les prix des produits manufacturés ont en revanche baissé de 1,5% et ceux de l'habillement et chaussures de 7,4%.

Les économistes sont partagés quant à savoir si l'inflation élevée empêchera la Banque centrale européenne de baisser ses taux mais tous s'accordent à y voir une mauvaise nouvelle de plus pour l'économie française, alors que le Fonds monétaire international a réduit mercredi sa prévision de croissance à 1,5% pour 2008, contre 1,9% en 2007, et que la Commission européenne vient de ramener la sienne à 1,7%.

Le budget 2008 de la France est fondé sur une hypothèse de croissance de 2,25%.

"Le surcroît d'inflation, conjugué à des facteurs politiques, contribue au recul du moral des ménages qui lui-même peut modifier des arbitrages, en faveur, par exemple, du recours au crédit", relève Nicolas Bouzou, économiste au cabinet d'études économiques Asterès. "D'autre part, l'augmentation de l'inflation diminue arithmétiquement la progression du pouvoir d'achat ce qui, en retour, devrait tirer vers le bas la consommation", phénomène déjà observé au quatrième trimestre et qui devrait se trouver confirmé au premier trimestre 2008.

+4,2% SUR UN AN POUR LES PRIX ALIMENTAIRES

A 2,8% sur un an, l'inflation est au plus haut depuis mai 1992. Les prix de l'énergie ont augmenté de 12,3% en variation annuelle et ceux de l'alimentation de 4,2%.

"L'inflation alimentaire, la plus perceptible dans le caddie de la ménagère, est à un record depuis mars 2002", signale Alexandre Mirlicourtois chez Xerfi.

"Si sur le pétrole on peut imaginer un effet temporaire, sur l'agroalimentaire pour l'instant on n'en voit pas. Or c'est une vraie problématique dans toutes les questions tournant autour des négociations salariales car la hausse des prix des produits alimentaires, le consommateur lambda le voit tous les jours", renchérit Philippe Waechter, directeur de la Recherche économique chez Natixis Asset Management.

La poussée des prix des matières premières agricoles et les nouveaux records du pétrole - à plus de 100 dollars pour le brut léger américain mercredi - entretiennent l'incertitude sur la décrue annoncée de l'inflation dans les prochains mois, même si un effet de base favorable devrait faire reculer les prix de l'énergie à partir de février.

La Banque centrale européenne, qui a un objectif proche mais en-dessous de 2% pour l'inflation dans la zone euro, y sera d'autant plus sensible que l'accord salarial intervenu mercredi dans la sidérurgie allemande risque d'attiser ses craintes d'"effets de second tour", c'est-à-dire d'une transmission de la hausse des prix aux salaires.

Le syndicat IG Metall a obtenu pour 85.000 sidérurgistes de l'ouest de l'Allemagne une revalorisation salariale de 5,2%, sans précédent depuis 16 ans, qui pourrait bien faire tache d'huile dans d'autres secteurs du pays après des années d'austérité.

"Les fameux effets de second tour tant redoutés par Jean-Claude Trichet commencent à poindre", note Alexandre Mirlicourtois. "A peine entre-ouverte, la fenêtre pour une future baisse des taux directeurs se referme déjà".

Lors de la réunion monétaire du 7 février, le président de la BCE avait infléchi son discours en s'inquiétant du "degré inhabituellement élevé" d'incertitudes entourant la croissance, mais en restant ferme sur les risques d'effets de second tour.

"Les inquiétudes sur la croissance sont devenues plus importantes ces derniers mois, mais compte tenu du niveau d'inflation et du fait qu'il devrait rester élevé pendant une bonne partie de 2008 il est certainement trop tôt pour dire que la BCE penche pour un biais plus accommodant", juge Dominic White, économiste chez ABN Amro.

Marc Touati, chez Global Equities, observe toutefois que l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire hors énergie et alimentation, n'a été que de 1,9% en janvier sur un an.

"Cela confirme que l'inflation n'est pas due à un excès de demande par rapport à l'offre, mais à un choc exogène lié aux tensions internationales sur les prix alimentaires et énergétiques", estime-t-il. "Maintenir le taux (de la BCE) ne ferait aucunement baisser l'inflation à court terme mais aggraverait le ralentissement économique français et eurolandais".

Véronique Tison

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