PARC IMPERIAL : EN SOUVENIR DES ELEVES JUIFS SCOLARISES AU PARC IMPERIAL
Je me permets de retranscrire ici le discours de Patrick Allemand lors d'une cérémonie du dévoilement de plaques en souvenir d'élèves juifs scolarisés au lycée du Parc Impérial. Je me le permets, car, en dehors du fait que ce discours est fort, il reflète l'état d'esprit de Patrick Allemand et de son respect pour le souvenir de tous ces déportés, pour la plupart exterminés dans des camps nazis. J'espère, qu'au-delà du souvenir de tous ces crimes horribles, cela peut porter à l'esprit de tous les jeunes d'aujourd'hui, non seulement, de ne pas oublier, mais de ne permettre ou admettre aucun crime, de ne pas baisser les bras devant toute injustice.
"Il y a des circonstances, surtout quand elles sont
empreintes de gravité et de recueillement, qui requièrent beaucoup de sobriété
et je ne faillirai pas aujourd’hui à cette exigence.
Parler dans cette enceinte, au sein d’un Lycée, n’est pas
un acte anodin. Au contraire, c' est un acte porteur de sens et d’espoir.
Tout d’abord, parce qu’un lycée c’est la vie, c'est
l’avenir, c'est l’énergie et c'est l’échange, autant de symboles forts autour
du message que nous souhaitons délivrer aujourd’hui.
S’exprimer ici, c’est aussi et avant tout s’adresser aux
jeunes générations. Ils sont un maillon essentiel de la société que nous
construisons. La transmission du passé, j’en suis sûr, peut nourrir leurs
principes d’action dans le présent et le futur.
Enfin, un Lycée c’est le savoir. Un lieu de mémoire prend
toute sa force quand il s’accompagne d’une pédagogie historique dispensée par
l’ensemble des enseignants. On retrouve ici les deux vocations d’un
établissement d’enseignement : un lieu consacré à la transmission de la
connaissance mais également et surtout un lieu d’apprentissage de la
citoyenneté.
Ce lieu de la mémoire vivante aide à comprendre les
évènements et le sens de l’histoire. Que serait, en effet, cette histoire si
elle était oublieuse des injustices, des errements du passé, des origines des
drames, des souffrances infligées et des crimes commis ? Aucune vision d’avenir
ne peut véritablement se concevoir, ou même simplement s’imaginer, sans la
prise en compte de tout ce qui a constitué le cheminement des êtres humains.
Pour construire un monde plus tolérant, plus généreux,
plus fraternel, nous devons garder en mémoire ce qui, par le passé, a pu
conduire certains êtres humains à faire preuve des manquements les plus graves,
à commettre des crimes contre l'humanité, à organiser industriellement un
génocide.
Aucune origine, aucun statut social, aucun positionnement
philosophique, moral ou religieux ne saurait justifier la moindre atteinte à
l’intégrité de la personne. Aucune idéologie ne saurait légitimer qu’en son
nom, des souffrances soient infligées à des êtres humains. Si nous n’étions
tenus que par un seul engagement, tout au long de notre vie, ce devrait être
celui du respect de l’autre. Refuser l’autre, c’est, en quelque sorte, se
mépriser soi-même.
Tout acte attentatoire à la dignité humaine ne peut relever que de la barbarie. Contre toutes les formes d’exclusion, d’intolérance, de racisme et de xénophobie, le combat doit être sans relâche et je m’incline avec le plus grand respect devant toutes celles et tous ceux qui, depuis des années, à l’image de Simone VEIL, de Denise VERNAY, de Michèle MEROWKA et de Serge KLARSFELD présents aujourd’hui à nos côtés, ne ménagent ni leur temps, ni leur énergie pour sensibiliser les jeunes générations à cette exigence et les inciter à une vigilance de tous les instants. L’histoire nous apprend, en effet, que la barbarie n’a ni visage identifié, ni frontières, et la démonstration nous en est malheureusement faite chaque jour dans de nombreuses régions du monde.
Ce combat nécessite une mobilisation citoyenne constante
et je voudrais, à cet égard, redire aux jeunes qui nous entourent que leur
engagement est plus qu’un devoir : c’est une nécessité absolue.
Aujourd’hui, dans ce lycée, nous pensons fortement, non
seulement à tous les enfants qui ont été victimes de ces crimes, mais également
à leurs familles et à tous les rescapés des camps de déportation. Nous pensons
à tout ce qu'ils auraient pu être, à toute la richesse et à tout l'amour qu'ils
auraient pu apporter à la communauté nationale. Mais au-delà de l’hommage
solennel que nous leur rendons, notre détermination à lutter contre toutes les
formes d’injustice ou de ségrégation doit être totale. C’est la première
fidélité que nous devons à toutes celles et à tous ceux qui ont été les
victimes de cette barbarie. Prendre cet engagement, c’est constituer le rempart
le plus solide contre l’oubli, mais c’est également la meilleure réponse à
apporter à ceux qui vont jusqu’à remettre en cause l’existence des camps
d’extermination. N’oublions jamais la souffrance de ceux qui nous ont précédés
car un monde d’espérance ne se construit pas sans la mémoire.
Ces actes forts et symboliques sont essentiels. C’est la
raison pour laquelle je salue avec beaucoup de reconnaissance et d’émotion
cette initiative. Elle participe à toute une pédagogie de la mémoire, d’autant
plus nécessaire que se réduit le nombre des témoins directs, pédagogie dont
doivent bénéficier tous les lycéens de notre région. C’est pour cela que le
député et président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Michel VAUZELLE,
s’engage fortement, aux côtés de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, en
faveur de la réalisation d’un Mémorial, avec un volet éducatif très important,
au camp des Milles, où ont séjourné des militants antinazis de toutes
nationalités et où ont transité 2 500 hommes, femmes et enfants juifs de notre
région vers Drancy et Auschwitz.
Le devoir de mémoire est une responsabilité collective
parce que « la mémoire est le présent du passé ». Nous devons le défendre avec
force, il est la source de notre « vivre ensemble ».
Mesdames et messieurs, quand l’avenir est lézardé de
toutes les incertitudes et toutes les dérégulations du présent, le passé
contribue à la constitution de l’identité individuelle et collective ainsi qu’à
la formation de nos valeurs, de nos idéaux et de nos principes. On y puise une
force pour avancer, pour lutter pour un monde plus fraternel et plus juste,
pour défendre la démocratie, mais au delà, et l'histoire nous le répète chaque
jour, la liberté qui n'est jamais définitivement acquise."
A retrouver sur son blog, bien sûr.
La vidéo :
Discours PA Parc Imperial 16 octobre
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Retrouvez le JT de France 3, avec entre autres l'interview de Simone Veil :
Journal France 3 Nice, région Médite 4
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