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leblogdecendra2
8 octobre 2007

ADN : UN DETAIL...

ADN_Un_Detail

Le "détail" de Fillon ravive la polémique sur les tests ADN

PARIS (Reuters) - En parlant de "détail" - un mot politiquement sensible en France -, François Fillon a pris le risque de raviver ce week-end la polémique sur les tests ADN dans le cadre du regroupement familial.

 

"Le sujet est suffisamment grave pour qu'on ne parle pas de détail", a déploré dimanche François Hollande, demandant à Nicolas Sarkozy de retirer l'amendement controversé du projet de loi sur l'immigration.

"Comme ce n'est pas un détail et qu'il y a là une incompréhension, au mieux une maladresse voire même une provocation au pire, mieux vaut dans un esprit de sagesse, de responsabilité et d'apaisement retirer cet amendement", a fait valoir le premier secrétaire du Parti socialiste lors du Grand Débat Europe 1/TV5/Le Parisien.

Le Premier ministre a estimé samedi, lors d'un conseil national de l'UMP réuni à Paris, que les polémiques entourant l'amendement ADN avaient "grossi jusqu'au ridicule un détail" pour finalement masquer "l'essentiel" du projet de loi.

Après les députés, les sénateurs ont adopté le texte cette semaine après une guérilla parlementaire menée par les élus de gauche mais également quelques ténors de la majorité.

Le projet de loi défendu par le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale Brice Hortefeux ayant été débattu dans le cadre d'une procédure d'urgence, il n'y aura pas de deuxième lecture mais une commission paritaire Assemblée/Sénat doit encore examiner le texte.

"Ce n'est pas un détail, c'est même quelque chose d'une gravité extrême", a dénoncé sur Radio J le député socialiste Pierre Moscovici, qui demande au Premier ministre de "rectifier" ses propos "très connotés".

En 1987, Jean-Marie Le Pen avait estimé que les chambres à gaz était un "détail" de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale. Le président du Front national avait été condamné quatre ans plus tard pour "banalisation de crime contre l'humanité".

"Je fais crédit à M. Fillon de sa bonne foi. Je ne le pense pas en complicité quelconque avec la pensée de Jean-Marie Le Pen (...) Mais, M. le Premier ministre, maîtrisez votre vocabulaire", a poursuivi Pierre Moscovici.

LE MRAP DENONCE UN FLIRT AVEC L'EXTRÊME-DROITE

"S'il s'était agi d'un simple 'détail', non essentiel à la loi, on aurait évidemment pu s'en passer", estime de son côté François Bayrou dans une tribune à paraître lundi dans Les Echos.

"Or le combat pied à pied mené par le gouvernement, pendant des jours, pour sauver le principe de cette disposition montre assez que, pour certains, elle n'était pas secondaire", souligne le président de l'UDF-MoDem.

Le dirigeant centriste fait partie des premiers signataires de la pétition demandant le retrait de l'amendement ADN qui a déjà récolté plus de 100.000 paraphes sur internet.

A ses yeux, l'amendement ADN "dit entre les lignes que les immigrés sont des fraudeurs", que "la filiation pour ces gens-là ne peut être prise en compte que si elle est biologique" et que "pour la régulation sociale, l'analyse génétique sera désormais un recours légal" - "trois affirmations qui ne sont pas un détail".

Selon Rama Yade, la polémique sur les tests ADN n'a cependant "plus lieu d'être". "Cette disposition a été équilibrée" lors de son passage au Sénat, a déclaré la secrétaire d'Etat chargée des droits de l'Homme sur Canal +.

Les organisations de lutte contre le racisme sont montées au créneau contre les propos de François Fillon.

"Par cette déclaration, le Premier ministre signe non seulement son compagnonnage avec l'extrême-droite mais participe dangereusement à sa banalisation", accuse le président du Mrap, Mouloud Aounit, qui ne croit pas à une maladresse verbale.

"En employant sciemment le mot détail (...) il franchit les limites de l'insoutenable et de l'indécence", déplore-t-il dans un communiqué.

Même constat pour le président de France-Terre d'Asile, Pierre Henry. Le chef du gouvernement "fait sciemment monter les enchères" à des fins électoralistes, a-t-il déclaré sur France Info. La droite veut actuellement "agréger (...) toute une frange de l'électorat qui se réfugiait dans le vote Front national", a-t-il ajouté.

Fin septembre, le chef du gouvernement avait déjà déclenché un tollé en déclarant que la France était en état de "faillite au plan financier". "Je suis comme je suis, je m'exprime librement", s'était-il défendu trois jours plus tard tout en nuançant son propos, évoquant une "situation critique" des finances publiques.

Voilà un mot qu'il ne faut pas prononcer en France, et ce n'est pas un détail. Quand j'ai lu cet article, j'ai tout de suite fait le rapprochement avec le même terme employé par Le Pen à propos des camps d'extermination nazis. Non, monsieur Fillon, cela ne se dit pas chez nous. Et l'ADN est loin d'être un détail...

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